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6 mai 2010 4 06 /05 /mai /2010 14:50

Oui, Mimosa avait regardé le documentaire à la télévision sur ce thème. Elle en avait été consternée et très en colère aussi.

 

Il montrait très bien comment les gens craquaient au travail. Méchants patrons, méchants managers, méchants chefs…

Manipulation, perversité… Tout y était.

 

Même une chose importante : C’est que bien souvent, avant d’être victime, l’employé éploré et suicidaire avait été bourreau sans trop d’états d’âme. Mais que voulez vous, avec le chômage c’est bien normal de vouloir garder son poste… Poste de merde d’ailleurs mais ça c’est pareil… Le chômage, Mimosa, le chômage !!!

On pouvait donc ajouter à la liste : méchants collègues !

 

Etait ce la première fois que le pays connaissait ce taux de chômage ? Certes non, mais ce n’était pas pareil car rien n’était pareil avant. C’est du moins ce que l’opinion publique en disait.

 

C’est certain, les gens de l’âge de Mimosa, qui avaient eu la grande chance de rigoler au travail, ne pouvaient pas comprendre…

 

Comprendre quoi ? Qu’on harcèle le collègue pour un salaire de 1000€ pensant qu’on sera épargné pour service rendu ???

 

Non, c’est certain que Mimosa ne pouvait pas le comprendre. Non seulement, elle ne pouvait pas mais ne voulait pas…

 

Elle n’hésitait pas à faire sa mauvaise tête !

 

Heureusement  une femme médecin, dans ce documentaire, n’avait aucun état d’âme à mettre les gens malades car harcelés, devant leurs responsabilités. Oui, ils avaient joué le jeu de la direction, participant à la maltraitance de quelques autres et ça les avait fragilisés car ils savaient bien que leur attitude n’était pas correcte. Ils avaient donc été bourreau mais bourreau fragile. Bien entendu, rien de plus simple ensuite que de les faire devenir victime à leur tour.

 

Mimosa réfléchissait. Elle en avait parlé avec Aubépine qui lui avait dit qu’elle ne se rendait pas compte de la perversité des dirigeants d’entreprise et de la peur aussi des gens de se retrouver au chômage et à la rue.

 

Mais cette bonne Mimosa lui avait rétorqué qu’ils n’avaient pas si peur que ça puisque n’importe comment, ils démissionnaient au bout d’un certain temps. Ils se retrouvaient donc sans travail. Alors ???

 

Plus tard, elle repensa à ce terme de « souffrance » et se rendit compte qu’elle l’entendait plusieurs fois par jour. Non seulement des travailleurs mais de toute la population. Tout le monde avait ce mot à la bouche : « Souffrance »…

Même les chômeurs, même les retraités.

Tout le monde maintenant savait que travail = souffrance.

 

Mimosa s’était arrêtée de travailler en 1994. Les choses avaient commencé à aller très mal à partir de 1997. Oui, elle avait été épargnée.

Mais elle ne pensait pas systématiquement à elle, bien qu’un peu narcisse…

 

Non, elle pensait qu’on lui disait que tout avait dérapé un peu avant l’An 2000 et que les conditions de travail étaient devenues épouvantables et qu’en règle générale, les gens n’avaient jamais été aussi malheureux.

 

Elle avait beau être bonne fille et toujours prête à plaindre son prochain, tout de même…

 

La misère ? Le chômage, le harcèlement au travail ? Tout cela datait de l’an 2000 ????

 

Sans vouloir remonter très loin dans le temps, sans vouloir se référer au 19ème siècle ou même avant, elle se souvenait très bien des conditions de travail et de vie des gens avant 1968 ainsi que de leur paye.

C’était loin d’être génial…

 

Son amie Germaine qui souffrait déjà de ses pauvres jambes n’avait pas le droit de porter de pantalons. Aucune femme ne pouvait le faire et les hommes devaient être habillés en costume et cravate…

A ce propos, elle se souvenait fort bien que la plupart des hommes ne possédait qu’un seul costume pour aller travailler car les payes permettaient tout juste de se loger et de se nourrir. Très peu de gens partaient en vacances, très peu possédaient des voitures.

 

Et avant… Avant 1936 ???

 

Même pas de congés payés…

 

Mimosa se souvenait très bien de la façon dont vivaient les employées chez ses grands-parents. Elles avaient intérêt à filer droit sinon elle pouvait se retrouver à la porte et sans indemnité avec en plus une réputation qui leur fermait toutes les portes de la ville…

 

La mère de Germaine qui avait été au chômage avant la guerre allait pointer matin et soir et tous les jours !

 

Bien sûr c’était très dur, trop dur. Il n’y avait aucune raison pour que ça dure ainsi et les employés s’étaient regroupés en  syndicats pour que les choses changent. Et elles avaient changé…

 

Maintenant, la vie était un peu plus dure que pendant ces fameuses 30 glorieuses mais ce n’était quand même pas le bagne !

Tous les salariés n’étaient pas logés à la même enseigne que les « sans-papiers » !!!

 

Alors pourquoi cette plainte continuelle ? Même de la part de gens ne manquant de rien et ne travaillant plus. Pourquoi parler systématiquement de souffrance à chaque fois que le mot travail était prononcé ?

 

Mimosa ne comprenait pas trop. Jusqu’à présent, ne travaillant pas, elle s’était tue. Ce matin, elle avait parlé, elle avait dit ses pensées. Aubépine avait mal réagi ce qui lui laissait penser que si cette petite Aubépine réagissait mal, qu’en serait il des autres personnes à qui elle oserait dire la même chose ? Il y avait de quoi trembler…

 

Mimosa ne comprenait pas trop non plus pourquoi on parlait tant de misère alors que tout le monde pouvait bénéficier de soins gratuits et tout à fait corrects dans ce pays et que le niveau de vie était quand même, en règle générale, plutôt acceptable.

Qui ne possédait pas de portable, d’ordinateur, d’Ipod, de confort à la maison ? Très peu de gens…

 

Mais non, il fallait se plaindre, soit pour soi-même soit pour les autres. Il ne fallait surtout pas être heureux. Il ne fallait pas dire que tout n’allait pas si mal dans ce pays.

 

C’était l’horreur et surtout au travail…

 

Les syndicats ? Bof…

 

Cela semblait un peu ringard de proposer cette solution…

 

Quoi d’autre alors ? Rien… Souffrir et se mettre en arrêt de travail si la souffrance devenait trop forte.

 

Voilà…

 

Mimosa a dit et elle est consternée…

 

La plainte systématique, elle a beaucoup donné dans son enfance. Ensuite aussi en participant à différentes associations, avec les homos, les trans’ et surtout les bisexuels qui rencontrent énormément de souffrance…Lesquelles ? Mimosa se demandait bien de quelles souffrances ces gens là pouvaient bien parler. Mais c’était tellement difficile pour eux qu’ils s’étaient regroupés en associations.

Bon, ça les occupait…

 

Ca les occupait mais ça montrait aussi à quel point les gens se prenaient maintenant au sérieux. Aussi bien dans leur vie privée que dans leur vie professionnelle. Cette souffrance au travail n’allait –elle pas de pair avec la différence entre les titres pompeux données à toutes sortes de professions et la paye et les conditions de travail nettement moins glorieuses allant avec ?

On appelait « manager » des gens gagnant 1000€ par mois, « attachée de direction » d’anciennes sténo dactylos gagnant elles aussi des salaires beaucoup moins prestigieux que leurs titres.

Les gens ne s’étaient ils pas fait avoir avec ce système où on leur faisait croire qu’ils étaient hyper importants avant de les traiter comme de la merde ?

N’y avait-il pas derrière tout ça, encore une fois, de gros problèmes d’égo ? De gros problèmes de situations relevant plus de l’illusion que de la réalité ? Il était peut-être temps de revenir sur terre.

 

En tout cas sa décision était prise, à partir de ce jour, 27 octobre 2009, jour anniversaire de la naissance de son père Maurice Elphège, Mimosa ne rentrerait plus du tout dans ce truc de plainte. D’ailleurs, ce n’était déjà plus qu’un truc…Même plus une souffrance, non un truc !

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